dimanche 4 décembre 2005

Nostalgie confortante... et déconcertante

Depuis deux ou trois jours, j'ai commencé la rédaction de billets à publier ici, mais je n'ai pas eu le temps de les terminer... J'ai été assez sollicité par la « vie réelle » et, outre le temps que j'ai passé à diverses occupations, j'ai eu du mal à trouver la concentration nécessaire pour rédiger ce que je voulais écrire ici...

Fatigué, j'ai décidé que ce dimanche serait jour de repos et j'ai annulé ma participation à une activité politique. Cependant, je n'arrivais pas aujourd'hui non plus à retrouver l'émotion de départ, l'étincelle qui avait déclenché la rédaction des quelques billets qui sont en attente.

J'ai donc entrepris de mettre un peu d'ordre dans de vieux papiers, de vieux souvenirs. J'ai ainsi numérisé une série d'articles de magazines que je conservais depuis longtemps, de façon à pouvoir me débarrasser du papier...

Ce retour dans mes souvenirs m'a donné des idées et je suis parti à la recherche d'images plus ou moins associées aux souvenirs que réveillaient en moi les articles numérisés. Je crois que j'aurai assez d'images pour alimenter ces pages durant quelques mois... Parmi les photos retrouvées, il y en a quelques-unes de la série américaine « The Walton », qui raconte l'histoire d'une famille nombreuse et unie qui habite les montagnes de la Virginie durant la récession, je crois. John Boy Walton en est le narrateur. Celui-ci écrit quotidiennement son journal intime, prétexte à raconter les événements qui se déroulent sous ses yeux et auxquels il est mêlé à l'occasion. La plupart du temps, ce sont de petits drames familiaux qui se terminent toujours bien...
C'est un jeune ami anglophone (qui ressemblait beaucoup au personnage principal, selon moi) qui m'avait fait découvrir cette série et, après en avoir vu quelques épisodes en sa compagnie, je ne pouvais plus m'empêcher de regarder les reprises de ces émissions... Je crois que les émissions étaient enregistrées en noir et blanc ; je ne peux pas vraiment l'affirmer puisque durant plus de huit ans, je n'ai pas eu de téléviseur chez moi et quand j'en ai acheté un, c'était un téléviseur noir et blanc...

Je me reconnaissais assez bien dans cet univers : grande famille, vie à la campagne (ce que j'ai connu durant mon enfance était à peine moins rustique que ce nous était présenté dans cette série). John Boy, s'il n'était pas l'aîné des enfants était tout au moins l'aîné des garçons (je n'étais ni l'un ni l'autre), tenait un journal et il voulait devenir journaliste... Là où je ne reconnaissais pas notre famille, c'est qu'il y avait dans celle-ci beaucoup de communication, beaucoup de dialogue entre tous les membres de la famille et beaucoup d'affection et de tendresse les uns envers les autres. Dans cette famille pourtant nombreuse, chacun avait sa personnalité, affirmée et reconnue, de la plus jeune jusqu'au grand-père et à la grand-mère qui partageaient la maison... J'ai dû essuyer souvent des larmes de regret quand je voyais et que j'entendais ces membres d'une même famille se parler entre eux, se préoccuper de l'autre et trouver le moyen de faire en sorte que, au moment où s'éteignaient les lumières (tout le monde se couchait au même moment), on pouvait se souhaiter une « bonne nuit » en toute sérénité. Quand la dernière lampe était éteinte, la paix régnait sur la maison et dans les coeurs...
John Boy, pourtant encore adolescent, était un modèle à suivre. L'acteur Richard Thomas a vraiment été marqué par ce personnage qu'il n'a pourtant pas joué si longtemps, mais les téléspectateurs ont surtout retenu de lui ce rôle de bon garçon que chaque famille voudrait avoir... J'imagine que la demande a dû être tellement forte qu'on a demandé au comédien vedette, plusieurs années plus tard, d'enregistrer le texte du roman de Earl Hamner Jr, Spencer's Mountain, dont on tiré la série télévisée « The Walton ».

Pour ma part, je reverrais avec plaisir cette série d'émissions. Je crois qu'on peut maintenant la trouver en dvd...

Parmi les autres images retrouvées, il y a celles d'un comédien que j'ai aimé dans deux films que j'ai vus il y a plusieurs années ; il s'agit de Brad Davis.

Dans le film de Rainer Werner Fasbinder, Querelle, on le voit notamment avec Jeanne Moreau. Je reverrais sans doute avec beaucoup de plaisir ce film que je n'ai encore jamais revu.

Le second est un film d'Alan Parker, Midnight Express (L'Express de minuit, en français, je crois). Je ne sais trop que dire de ce film, absolument bouleversant... Il raconte l'hisoire de Billy Hayes, un jeune Américain arrêté à l'aéroport d'Istambul pour avoir sur lui quelques grammes de hashisch. Les Turcs décident d'en faire un exemple et le condamnent à la prison à perpétuité ; on l'enferme dans des cellules où il n'y a plus rien d'humain... Le titre du film fait référence à une réplique que l'on entend dans le film ; l'un des codétenus dit au jeune Américain qu'il ne faut pas compter su la justice : « La seule façon de sortir d'ici, c'est de prendre L'Express de minuit... » Il ne s'agit pas du train qui vient prendre les prisonniers en fin de journée, mais de l'évasion... Coeurs sensibles s'abstenir. De même que si vous projetez un voyage en Turquie dans les prochains jours (la Turquie a bien changé en trente ans, mais il est clair que si le gouvernement de Turquie décidait de remettre un prix pour sa contribution au tourisme turc, ce n'est certainement pas celui-ci qui l'obtiendrait).

L'histoire de Billy Hayes est une histoire vraie et Alan Parker y réalise là un chef-d'oeuvre de mise en scène et de réalisation, faisant revivre tout le drame et toute la cruauté de cet univers carcéral.

La peine, la pitié, l'angoisse, la colère, la révolte... les sentiments des spectateurs ne sont pas épargnés... Et personne ne pourra rester indifférent à un tel film...

Des années et des années plus tard, le seul fait de penser à ce film me bouleverse encore. Et je regrette un peu d'avoir pris le temps ce soir ce revoir certaines photos tirées de ce film. Je risque d'avoir du mal à dormir...

Et ce qui ajoute à l'émotion, c'est que Brad Davis, le comédien qui incarne le personnage de Billy Hayes dans ce film et qui a obtenu plusieurs récompenses dans les mois qui ont suivi la sortie du film, en 1978, est mort du Sida en 1991. Il aurait été contaminé par des seringues lors de la consommation d'héroïne. Sa veuve continue, semble-t-il, de militer pour la prévention du VIH.

Bref, c'est un film que j'ai adoré, un film qui m'a bouleversé, troublé, révolté, un film dont je n'ai pas cessé de parler à chaque fois que j'en ai l'occasion... Je crois cependant que c'est un film que je ne pourrais plus revoir.


Avec le recul, je me rends compte qu'il n'y a pas que le hasard qui provoque des rencontres... Les choix que nous faisons dans la vie, qu'il s'agisse d'amitiés, de livres, de musique, de cinéma, etc., ont sûrement entre eux des liens plus profonds que ce que nous avions d'abord cru...

Je mentionnais cet ami qui m'a fait découvrir la série « The Walton » et qui lui-même me faisait tellement penser au personnage principal, narrateur John Boy... Cet ami a fait un peu de journalisme par la suite, mais il a surtout fait du cinéma... Son frère plus jeune disait m'écouter avec tellement de fierté quand il était adolescent et que je lisais les nouvelles à la radio ; John rêvait d'écrire et d'une certaine façon j'étais un modèle pour lui, d'autant plus intéressant que j'étais l'ami de son frère ; John a écrit et publié des livres, mais il est d'abord devenu réalisateur de cinéma. Et, autre fait troublant, j'ai souvent constaté une ressemblance frappante entre John, le petit frère, et Brad Davis, l'interprète de Billy Hayes dans « Midnight Express »...

1 commentaire:

Alcib a dit…

Comme je te comprends, Chaque homme ! Courage dans ces moments difficiles.
Il m'arrive aussi de traverser de grandes plages de silence ; et pourtant, ce n'est pas parce qu'il ne se passe rien... Je crois que c'est plutôt une question de stimuli et de rententissement. Il arrive que les événements soient nombreux et le temps de retentissement en soi pour chacun des événements trop long pour que l'on soit capable de bien les identifier et d'en mesurer les répercussions... Il en résulte un beau fouillis d'émotions qui exigerait une aide extérieure pour en démêler l'écheveau... Les vrais amis ne sont pas toujours là pour aider...