samedi 10 décembre 2005

Mais, non, tout va bien, je vous assure...

Puisqu'il est aussi mon cri du coeur d'aujourd'hui, je reprends ici le commentaire que je viens de laisser à la suite du billet de Marie-Magique...

Comme je t'envie, Magique, cette humilité, cet orgueil finalement bien placé, ce sentiment retrouvé qui te fait croire que, toi aussi, tu mérites un peu d'attention des autres, un peu d'encouragement et d'aide si cela se présente... Je ne suis pas de ceux dont tu parles (je constate que je tutoie ; l'ai-je fait auparavant, je ne m'en souviens plus) ; les regrets, les excuses et les remerciements ne me concernent donc pas. Mais comme je suis heureux de voir que tu acceptes que l'on pense sincèrement à toi, que l'on veuille t'aider si on le peut... Je me reconnais tellement dans tes refus, dans tes « mais, non, tout va bien, je vous assure » ; et le pire, c'est qu'on y croie nous-même au moment où on l'affirme... Faut-il que nous ayons été négligé durant l'enfance, pas reconnu, pour entretenir si solidement ce sentiment d'abnégation ! Faut-il qu'elles soient si solides, ces murailles que l'on a appris à dresser autour de soi, ces murs de Berlin que si peu de personnes sauront franchir pour comprendre ce qui vraiment se passe au-delà du mur ! Faut-il qu'ils soient efficaces, ces mécanismes de défense développés depuis si longtemps qu'on ne remarque même plus leur déclenchement ! Si efficaces en effet, pour nous donner l'illusion que nous n'attendons rien des autres, de crainte d'être déçu... Faut-il qu'elle ait été bafouée, trahie, cette confiance qu'il y a longtemps, nous voulions accorder aux autres, aux « adultes » autour de nous ! Faut-il qu'elle ait été détruite en nous pour que nous n'osions plus croire à l'ouverture désintéressée des autres, à leur générosité si magnifiquement offerte ! Faut-il qu'il soit malheureux, cet enfant en nous que trop souvent nous essayons d'oublier pour présenter l'image de l'adulte que nous avons cru devoir devenir ! Faut-il qu'il soit malheureux en effet d'avoir été bafoué, pour qu'enfin il ose crier à tue-tête : « J'ai mal ! », alors que l'adulte en nous essaie encore de lui mettre un coussin non pas sous la nuque, mais carrément sur la tête, pour étouffer ses cris... au cas où les voisins entendraient.
C'est bizarre, ce soin que nous prenons des autres, ces considérations que nous avons pour tout le monde autour de soi, mais que nous nous refusons et que nous refusons de ceux qui veulent penser à nous. C'est étrange, en effet, la protection que nous voulons apporter aux enfants autour de soi, qu'ils soient à nous ou à d'autres, mais que nous refusons à l'enfant en nous qui est blessé, qui crie, qui appelle à l'aide... Devenir adulte, certes, nous n'y échappons pas. Mais on ne peut pas devenir un adulte équilibré si l'enfant en nous n'a pas réglé ses comptes avec l'enfance et avec la vie, adultes compris.


Marie-Magique : http://marie-magique.blogspot.com/

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